lundi, juin 19, 2017

A propos de l'eau en pays de Fayence: et quand l'eau viendra à manquer?

Je reviens sur le billet publié par Jacques Récy dans le numéro du printemps du NJ à propos de l'eau. Il note que le lotissement du Caillou du Puits de Callian (14 maisons individuelles sur un terrain de  36000m2) est alimenté par une pompe de surpression en permanence et que  c'est un coût indument  à la charge de la collectivité.  Les informations sur ce lotissement ont été publiées en mars 2006 sur mon blog http://bit.ly/2rGY3iy et reprises en mai 2007. A quand le manque d'eau?


La commune a l'obligation de fournir l'eau potable à ses administrés via son réseau l'alimentation en eau potable c'est à dire ses réservoirs de stockage, lesquels sont alimentés par la société mixte d'exploitation des eaux de la Siagnole E2S. Lorsque ce lotissement a été décidé, le permis d'aménager avait été accordé à l'agent immobilier Neuville de Callian. Il n'y avait alors qu'un seul réservoir d'eau à proximité, susceptible de fournir l'eau: le réservoir de la Pinée No1. Mais trop proche et à la même hauteur, il n'y avait pas de pression donc pas de débit par gravité. Il fallait donc un surpresseur que la commune a pris en charge dans le cadre du plan d'aménagement. Le permis d'aménager faisait aussi dérogation pour le traitement des eaux usées, et les maisons ont été équipées de fosses septiques, sous contrôle du SPANC aujourd'hui. Certaines maisons individuelles en haut de Callian sont dans le même cas, mais le surpresseur et son fonctionnement sont à leur charge. L'implantation des réservoirs doit donc permettre l'alimentation de tous les logements, mais ce n'est pas le cas.

Production de l'eau E2S; distribution par les communes

Il faut bien faire la distinction entre deux entités pour l'alimentation en eau de nos communes qui pour la majorité d'entre elles dépendent des sources de la Siagnole  et du réseau des eaux souterraines alimenté par le même réseau hydrologique.
  1. Les eaux sont produites par la société d'économie mixte  E2S par prélèvements aux résurgences de la Siagnole et pompages dans la nappe phréatique de la plaine de Fayence par 3 forages profonds - Tassy 2 et Barrière 1 et 2 (le forage de Tassy 1 sert à l'agriculture et au Golf). E2S distribue ces eaux aux réservoirs des communes où elles sont potabilisées par chloration ainsi qu'à Fréjus St-Raphaël aux réservoirs du Gargalon. Les communes de Callian, Montauroux, Tourrettes, Fayence, Saint-Paul en Forêt dépendent exclusivement d'E2S pour leur approvisionnement en eau potable. Les communes de Seillans, Mons et Bagnols en Forêt n'en dépendent que partiellement car elles ont d'autres sources d'approvisionnement. La commune de Tanneron en est indépendante totalement - elle s'alimente directement dans la Siagne au niveau de Pégomas. E2S distribue ces eaux par un réseau de conduites qu'elle gère, entretient et modernise selon des règles et cahier des charges très strictes sur les plans technique, économique  et administratif. E2S dont le statut SEM prend fin en 2018,  deviendra en 2018 une société publique locale;  quesaco? http://bit.ly/2rHja4A
  2. Les communes distribuent les eaux reçues d'E2S et  traitées dans leurs réservoirs, à leurs administrés, via un réseau de conduites qu'elles gèrent aussi sur les plans technique, économique  et administratif. Au plan technique cela implique la sécurité d'approvisionnement, la diminution des fuites et l'état sanitaire de l'eau fournie,  tout cela étant lié à la longueur du réseau, aux diamètres des conduites, à leur nature (acier, fonte ou plastique) et à leur âge. Sur le plan économique, ce sont les compteurs et le prix de l'eau facturé à chaque abonné qui doivent couvrir les coûts du réseau. Et sur le plan administratif, l'obligation de mesures mensuelles de l'état sanitaire de l'eau distribuée. Chaque commune dispose d'un service de l'eau qui gère tout cela; mais pour  les petites communes que nous sommes, cela représente une charge importante et parfois difficile si les personnels ne sont pas suffisamment qualifiés.
La loi Notre va imposer aux communes de transférer la compétence eau à la communauté de communes en 2020. Il y aura alors une mutualisation des services et ainsi la possibilité d'avoir des moyens plus importants pour la gestion. Cela permettra notamment la géolocalisation  de tous les équipements des réseaux des communes ainsi que des  connexions des réseaux entre eux quand c'est possible, pour une meilleure sécurisation de la distribution en cas de travaux.

Reste la question du coût de l'eau. 

 Je pense que notre pays de Fayence aura inéluctablement un jour ou l'autre un problème d'eau.  La poursuite de l'urbanisation en dépit des promesses électorales de 2008, notamment à Callian où  le maire voulait une hausse de la population de 200 logements par an, est le facteur déterminant: une demande d'eau croissante face à une ressource finie. L'autre cause c'est que notre pays est un territoire résidentiel à grands terrains, villas, jardins, pelouses et piscines et que l'été notre population s'agrandit avec le séjour des résidences secondaires qui représentent 27% des logements.  Il faut d'abord adapter les tarifs de l'eau à cette situation. Les prix été hiver ne sont pas assez dissuasifs. Une tarification progressive en fonction de la consommation serait aussi une solution; un tarif bas pour les besoins essentiels de l'ordre de 200l par jour et personne, et ensuite des tarifs de plus en plus élevés selon des tranches comme pour les impôts sur le revenu.

Sécheresse et étiage de la Siagnole en 2017

Aujourd'hui en période sèche et d'étiage, les sources sont au minimum et compte tenu de la surverse des pêcheurs obligatoire de 40l/seconde, E2S a commencé à réduire le débit d'alimentation des conduites servant l'Ouest de leur réseau depuis le Jas Neuf; elle  exploite à fond le forage de Tassy2 en remplacement. Quid en cas de panne?  et cette réserve n'est pas non plus infinie.

En l'absence d'autres prélèvements par forages dans la plaine, il viendra un jour où il faudra limiter l'urbanisation, sinon recourir au lac Saint-Cassien avec des coûts de production d'eau potable qui seront beaucoup plus élevés.

2 commentaires:

YANN AMARE a dit…

canal de provence.... bloqué par qui ?

Jacques RECY a dit…

1-Sécheresse: Dans le N°34 (page 16) du Nouveau Journal(printemps 2017) je rappelai la mise en garde du Conseil Général du Var publié dans son contrat de Territoire pour le pays de Fayence (2013-2015) qui souligne page 111: "En cas de sécheresse et dans les prochaines années, la production (la ressource en eau constituée par les sources et le forages existants dans la plaine note complémentaire ) pourrait atteindre ses limites". Comme il me semblait que cet avis n'avait pas vraiment été pris en compte je reprenais cet avis l'accompagnant de données de consommation des dernières années et concluant que le risque de pénurie devenait plus probable du fait de l'augmentation de population du Pays de Fayence. Espérons que les effets de la sécheresse de juin présentés dans ce blog seront compensés par une anomalie pluviométrique positive mais il faut de très grosses précipitations pour réalimenter les nappes...
2. Anomalies de la distribution d'eau dans les secteur du Pinée: Je me permet de compléter l'information publiée dans ce blog en citant le Schéma Directeur pour l'eau potable de la commune de Callian établi établi à la demande de la Municipalité et finalisé en Septembre 2016; pour alimenter"environ 40 abonnés...un surpresseur...composé de 3 pompes en parallèle...positionné sur la conduite de distribution..impose une surpression de la totalité des eaux mises en distribution depuis le site du Pinée (page:20) soit "75°/°"(page 36) de la distribution de la commune. Dans un rapport précédent(décembre 2015) le coût de la correction de cette anomalie qui grève inutilement le coût de la distribution en eau potable (pompes surdimensionnées, coût de l'énergie, entretien) était estimé à 320.000 euros H.T. Il est dommage que cette proposition ne soit pas reprise pour information dans le rapport finalisé.
3- Va-t-on manquer d'eau? Il faudrait établir un principe de base et se mobiliser pour le faire accepter/respecter: en période de sécheresse ou d'étiage des source, l'eau souterraine
(eau des sources et et forages) doit être distribuée en priorité localement. Le villes de la Côte doivent prendre leur disposition pour s'alimenter à partir des retenues existantes (lac de Saint Cassien, de Castillon etc...) ou de ressources plus lointaines; la dessalinisation de l'eau de^mer ne doit pas être écartée puisque l'Espagne utilise même ce procédé pour l'irrigation de légumes à coût de production très compétitifs!
4. Augmentation du prix de l'eau: solution de facilité incompatible avec un mode de vie rural; ce serait une porte ouverte à une urbanisation débridée: Je me permet de signaler que la commune d'Antibes, qui n'est pas une zone réputée rurale, propose aux habitants de villas deux compteurs d'eau: un pour l'alimentation en eau de la maison avec une eau potable à un coût d'environ 2 euros le M3 et l'autre compteur avec la même eau potable pour l'arrosage et la piscine mais à un coût de l'ordre de 1 euros le m3. la différence de prix s'expliquerait par l'absence d'assainissement après utilisation pour les eaux du second compteur.