samedi, décembre 30, 2006

SDF en France en 2006

et signez la charte des enfants de Don Quichotte.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Lettre ouverte à Monsieur le Préfet des Alpes Maritimes



Monsieur le Préfet,

J’ai pris connaissance de la décision de la préfecture des AM à propos des enfants de Don Quichotte pour lesquels vous avez ordonné hier soir à Nice la dispersion au motif de trouble à l’ordre public.

Dans une conjoncture où des récents sondages montrent que 30 millions de françaises et de français ont peur aujourd’hui d’être sdf demain, le motif de trouble à l’ordre public m’interpelle parce qu’il me fait poser la question de savoir qui je suis moi, Monsieur le Préfet. Ne suis je pas aussi ce public pour qui vous devez assurer l’ordre ?

Si vous me considérez ainsi permettez moi alors de vous dire, Monsieur le Préfet que ce qui me trouble moi public c’est que 450 000 personnes en France n’ont pas de logement, que 12 millions vivent dans la précarité et surtout que 30 millions de français craignent d’être demain des Sans Domicile Fixe. Ce qui me trouble encore, Monsieur le Préfet, c’est que bon nombre de ces personnes et ce malgré les épreuves d’effort que font autant d’associations ne sont pas logées dans des UHU dignes de ce nom…. Ce qui me trouble toujours, c’est que l’état paie quantité de chambres à 1500 euros mensuel à des marchands de sommeil gérants d’hôtels insalubres pour loger une famille quand d’un autre côté, des DDASS refusent 2000 euros l’an à un CCAS ou 20 000 euros l’an à une association… Ce qui me trouble autant, c’est de voir un nombre grandissant de travailleurs sociaux perdre leur motivation et la santé devant l’inefficacité du travail qui leur est demandé de faire par les financeurs pour trouver des solutions pour les plus démunis… Ce qui me trouble pareillement, c’est de voir des initiatives de solidarité portées par des SDF boudées par les DDASS et les départements alors que nous sommes témoins que ces initiatives sont des solutions au problème du logement, de l’emploi, de l’activité, de la Citoyenneté…. La liste est longue, Monsieur le préfet, la liste est longue dans ce qui trouble aujourd’hui 30 millions de françaises et de français. La liste est longue entre ce que dit l’état et ce qu'il fait pour lutter contre l’insécurité des plus démunis.

Ce qui me gêne enfin plus que cela me trouble, Monsieur le Préfet, c’est qu’un Préfet qui a bien sur connaissance de son départ d’ici quelques mois puisse prendre une position radicale en décidant que 30 millions de françaises et de français sus visés et qui en lisant entre les lignes s’expriment aujourd’hui par la voix et parfois par l’action des enfants de Don Quichotte soient soudain à Nice un soir du 31 décembre 2006 devenus un Public sans Voix , un Public sans Droits, parce qu’un préfet aura jugé en son âme et conscience que la moitié des françaises et des français doivent être extrinsèques à la sécurité à laquelle ils aspirent et qu’ils réclament.

Bravo, Monsieur le Préfet pour cette intime conviction qui vous appartient. Je comprends bien que la sécurité est une mission régalienne de l’état, n’oubliez pas que la solidarité en est une autre.

Avec l’espoir que les enfants de Don Quichotte se réorganisent à Nice, je formule le vœu pour que vous soyez plus compréhensif à l'avenir avec ces 30 millions de françaises et de français qui ont peur de l’exclusion et qui par démonstration ne peuvent qu’être et sont solidaires de la cause des SDF portée aujourd'hui sur le devant de la scène par les enfants de Donquichotte comme le fit dans l'hiver 54 un certain Abbé Pierre.

Je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, l’expression de mes salutations obligées.

A l’an qué ven.

Sylvain 83